(Photos par Masha Chatiaeva et Thomas Lemarchand)
J’aurais pu commencer ce portrait par un titre beaucoup plus traditionnel.
« Rencontre avec Alexandre Dana, le mentor au grand cœur »
« Alexandre Dana, le parcours d’un entrepreneur incroyable »
Mais tu me connais. Je ne fais pas dans le traditionnel.
Et puis, l’effet n’aurait pas été le même !
« Pourquoi me parle-t-elle de chaussettes ? » te demandes-tu sans doute, le sourcil droit (gauche ?) légèrement relevé.
Allez, on y va ?
Une histoire des chaussettes
En réalité, ce ne sont pas les chaussettes qui ont de l’importance, mais plutôt ce qui se cache derrière l’anecdote. (Et non, je ne parle pas des pieds d’Alex…)
J’aime taquiner Alexandre avec cette histoire. Tu sais, comme les histoires qui ressortent inlassablement aux fêtes de famille. On pourrait penser que lorsqu’il lira ces premières lignes, Alex lèvera les yeux au ciel en se disant : « Mais est-ce qu’elle va me lâcher, avec cette histoire de chaussettes ? » Sauf qu’il n’en fera rien. Je sais qu’il va sourire. Rire même, peut-être, de ce rire communicatif qui fait disparaître ses yeux et répand la bonne humeur autour de lui. Il le sait, que sa communauté aime le taquiner, que ce soit à propos de ses chaussettes ou ses cheveux. (Et bonjour l’émeute le jour où il les coupera ! Parce que c’est comme ça qu’on l’aime !)
À mes yeux, cette anecdote témoigne à quel point cet homme a pu rester humble, malgré son immense réussite. Il a gardé les deux pieds ancrés au sol. (Et qu’est-ce que ça peut faire, si les chaussettes ne sont pas assorties ?) Il est resté fidèle à ses convictions, à sa passion première : la pédagogie.
Les propos que j’ai recueillis pour rédiger ce portrait n’ont fait que renforcer l’image que j’ai de lui. Une personne bienveillante, dotée d'une tête qui bouillonne d’idées. Une personne à l’écoute, qui aime apprendre sans cesse de nouvelles choses et les transmettre aux autres.
J’ai voulu, dans ce portrait, te présenter l’homme, et pas uniquement l’entrepreneur, même s’il est évident que les deux sont intimement liés.
Alexandre naît à Paris, le 29 août 1988, entouré d’une maman artiste de cirque et d’un papa psychanalyste. Deux frères viendront agrandir la famille, Maxime et Benjamin, et ils comptent énormément pour lui.
Il grandit à Paris et y réside, jusqu’il y a peu.
Après son bac, il entame des études en école de commerce, mais très vite, ne se sent pas aligné avec les cours dispensés. Il passe un minimum de temps dans l’école. Il fuit les associations, les soirées… les cours ! Il est très souvent absent, ce qui lui vaut quelques problèmes de discipline.
Une fibre déjà très présente
Dès le début de ses années étudiantes, il cherche des petits boulots à côté, non seulement par nécessité financière, mais aussi parce qu’il veut fuir ce monde de l’école de commerce dans lequel il ne se reconnaît pas.
Il commence à travailler pour un jeune réalisateur de films. C’est la première fois qu’Alex est en contact et qu’il collabore avec un entrepreneur. Le fait qu’il s’agisse d’un artiste rend cette expérience d’autant plus inoubliable. Il adore. Il devient « producteur assistant ». (J’avoue, ça le fait grave !) Son rôle consiste à passer des coups de fil pour proposer leurs services de réalisation vidéo pour de la publicité ou des clips de rap (!!). Ces souvenirs le font sourire. Alexandre me raconte que ça ne marche pas trop, il se prend beaucoup de portes. Il n’est pas très bon, à l’époque, avec un téléphone… Il a du mal dans la communication……. (Oui, je sais, pour ceux qui le connaissent aujourd’hui, on a du mal à imaginer.) Mais il voit ce réalisateur être à son compte et essayer de développer sa petite entreprise.
Et il trouve cela exceptionnel.
Le voilà piqué par le virus de l’entrepreneuriat. Il crée sa première entreprise à dix-neuf ans, alors qu’il est encore aux études, et une deuxième, un an plus tard. Ces premières tentatives de projets entrepreneuriaux, déjà dans le domaine de l’éducation, se soldent par un échec. Alexandre apprend et rebondit. C’est que le degré de motivation est élevé ! Il a goûté à l’entrepreneuriat, et il est hors de question de faire marche arrière !
Et on s’étonne, qu’il n’ait pas la motivation à rester assis dans une salle de classe…
La troisième tentative sera la bonne. Après plusieurs mois de développement et de questionnement, quelques mésaventures, notamment concernant le nom de la boîte, et un énorme pivot, en août 2016, LiveMentor, telle que nous la connaissons actuellement, est lancée.
Back to the present...
Aujourd'hui, Alex dirige avec brio une équipe d’une soixantaine de personnes. (Rien que ça !)
Cette bande, cette meute, comme il les appelle, cette collection d’individualités extravagantes est sa plus grande fierté professionnelle… Une équipe disséminée aux quatre coins de la France (et même à l’étranger) qu’il admire et dont il connaît les histoires par cœur. Il m’en raconte quelques-unes et je sens une véritable émotion dans sa voix, lorsqu’il évoque toutes ces personnes qui lui sont chères. Il me parle de Masha qui vient de Russie, de Killian qui vit à Troyes, de Romain qui est établi en Allemagne, de Stéphane qui faisait du one-man show à New York, de Victor qui était joueur professionnel de poker, ou encore de Maxime qui, lors d’une réunion d’équipe, l’a récemment bluffé en lui parlant d’un livre d’une complexité énorme.
Il apprend sans cesse de son équipe.
Il me confie alors qu’il se demande parfois si eux aussi, ils l’aiment bien, s’il est à la hauteur.
Attends… Quoi ? J’en tombe littéralement sur le cul ! (Oui, désolée, certaines expressions ne peuvent être remplacées par leur version polie.) Lorsqu’on connaît la passion avec laquelle sa précieuse équipe travaille, lorsqu’on voit leur motivation lors d'événements auxquels j’ai pu assister à Paris, lorsqu’on les entend parler d’Alex, c’est juste évident !
Le syndrome de l’imposteur serait-il une plaie dont on ne se défait jamais complètement… ?
Quand je te le disais, que cet homme a les pieds bien ancrés au sol.
C’est qu’il le connaît, le prix de l’effort. Il n’était pas entouré d’entrepreneurs à ses débuts et a fait ses premières armes seul. Il raconte souvent cette anecdote à propos de son père qui, lors d’un repas de famille, lui demande, inquiet : « OK, ça a l’air super ton projet, mais, Alexandre, concrètement, tu fais quoi de tes journées ? »
Il est vrai que le monde entrepreneurial peut paraître bien mystérieux pour ceux qui ne l’ont jamais côtoyé.
Seulement, voilà. Alexandre fait partie de ceux qui ne lâchent pas. De ceux qui transforment le parcours du combattant en montagnes sur lesquelles on danse. (Tu l’as lu, cet article, dans le numéro 2 du magazine Odyssées d’entrepreneurs ?) Pour lui, sa plus grande réussite est d’avoir pu rester vivant dans cet écosystème. Il me raconte que plusieurs boîtes se sont lancées en même temps que lui, notamment dans le domaine de l’éducation, et qu’aujourd’hui, elles ont disparu. Il est fier d’avoir tenu, de ne pas avoir lâché, d’avoir lutté pendant les premières années où il n’y avait pas de salaire, pas de développement possible.
Et il y a de quoi…
Un sentiment de liberté
Non seulement il est parvenu à se libérer de cette crainte financière qui le poursuivait depuis son enfance, mais il peut également gérer son temps, agencer ses journées comme il le souhaite. Le Covid a d’ailleurs fait fuir ce Parisien natif de la capitale et l’a rendu nomade. Une prise de conscience. Le besoin de se sentir davantage connecté à la nature et s’éloigner des grandes villes. Il se sent de plus en plus soucieux de son environnement. Lui qui a vécu toute sa vie à Paris, il se met à sillonner la France. D’abord confiné en Normandie, il est actuellement en baie de Somme. L’étape suivante pourrait être la Gironde et ensuite le Sud-Est. (Pas de panique, on fera appel à Dora l’exploratrice pour pouvoir le suivre !)
Une chose est certaine, je le sens apaisé.
Je me demande parfois comment il parvient à concrétiser tant de choses en même temps. Je le charrie souvent en lui parlant de son frère jumeau caché, qui, j’en suis sûre, réalise la moitié des tâches !
Mais non. Pas de jumeau en vue.
Alexandre est surtout bien organisé. Il essaye d’être rapide, élimine les choses non essentielles. Il s’entoure de personnes qui l’aident. Il utilise les bons outils. Et surtout, il puise beaucoup d’énergie dans son travail. Il adore ce qu’il fait. Pouvoir accompagner des entrepreneurs et découvrir tant de parcours inspirants est une chance extraordinaire.
Il n'a pas de journée type. Cela varie d’une semaine à l’autre.
En ce moment, Alex veut profiter des bienfaits de la mer, qui se trouve littéralement au bout de sa rue ! Il se lève tôt, vers 6h30, se met à bosser rapidement, jusqu’à midi. Ensuite, il fait un break et se ressource à la mer. Il se remet à bosser vers 15h, jusqu'à 19h. Puis, retour à la plage ! Parfois, il recommence à bosser assez tard, vers 22h.
Un premier bébé
(T'y as cru, pas vrai ?)
Je veux bien sûr parler de son premier livre, La méthode LiveMentor.
Il sort en mars 2020, en pleine crise de Covid ! Les séances de dédicaces prévues à la Fnac et dans plusieurs régions de France sont annulées. Qu’à cela ne tienne, le livre fait un carton ! L’esprit positif demeure. La fine équipe investit les bureaux de poste jusqu’à la dernière minute pour envoyer les centaines de livres commandés avant la fermeture exigée par le début du confinement ! Incroyable !
Ce bouquin est un condensé de tout ce qui rend les méthodes pratiquées chez LiveMentor uniques et humaines. Il relate des histoires vraies, qui parlent aux entrepreneurs, des pistes accessibles.
D’ailleurs, je le lui ai dit. Il n’y avait que lui pour parvenir à me faire lire un livre sur l’entrepreneuriat sans m’endormir après deux pages. (Si tu as lu l’article concernant Elina, tu sais que ce n’est pas mon genre de lecture, à la base.) Il fait du bien, ce livre. Parce qu’il parle de personnes qui existent. Parce qu’il donne une méthode et des outils concrets.
Du Alex tout craché, en somme.
Il me dit qu’il n’y a pas de deuxième livre en cours d’écriture, mais je ne le crois pas ! (Il suffit d’aller voir l’un des posts récemment publiés sur le groupe de la Communauté LiveMentor ! Busted! Hé, hé !)
En tant qu’auteure, j’ai voulu savoir ce qu’il a ressenti lorsqu’il a tenu son livre en main pour la première fois, car je sais que c’est un moment très particulier. Il me parle du travail de l’imprimeur, de l’illustrateur, de sa relectrice, il me parle encore de l’éditeur et du travail des maquettistes. Il ressent une énorme gratitude, un éblouissement même, face à toutes ces énergies qui, mises ensemble, ont donné naissance à son bouquin.
Il ne me parle pas des heures passées à écrire au milieu de la nuit (j’ai mes sources…), mais il est clair qu’elles en valaient la peine.
Last but not least
« Pour terminer, quelle est la question qu’on ne t’a jamais posée en interview, et que tu aurais aimé qu’on te pose ? »
Un blanc suit cette question. Un long blanc. Pendant un instant, je me dis qu’il est parti. Mais non, il est bien là.
« C’est une bonne question, ça… »
(Merci, merci, oui, j’avoue, c’est ma préférée.) Il réfléchit. Nouveau silence. Va-t-il trouver ? Évidemment. Oh. On parle d’Alexandre Dana là, quand même !
On ne lui a jamais demandé quelle avait été sa pire erreur, dans ses premières années d’entrepreneuriat. Et sa pire erreur a été de se comparer. Il se comparait beaucoup. Et comparer est différent de s’inspirer. Comparer, c’est complexer, c’est avoir peur de l’autre, avoir de la jalousie, du ressenti. Beaucoup de sentiments négatifs, en somme. Il le faisait énormément au début, et ça l’a pénalisé. Aujourd’hui, il essaye de ne plus jamais le faire…
Alex souhaite continuer de lancer des formations, continuer de développer Odyssées, le magazine que LiveMentor a créé en quelques mois et lancé en mars (oui, oui, tout comme le bouquin, en pleine crise de Covid ! Ils aiment les défis, chez LM !), continuer de développer la technologie de coaching et l’écosystème de LiveMentor.
Et c’est tout ce que je lui souhaite.
Alors oui, Alex, c’est l’homme qui a porté deux chaussettes différentes, lors d’une conférence à Paris, devant la communauté qui lui est si chère et qui le lui rend bien…
Mais Alexandre Dana, c’est avant tout l’homme qui murmure à l'oreille des entrepreneurs…
Merci Ines !! Cela me fait très plaisir ! Et ravie que tu aies aimé l'article d'Odyssées également !! :))
Waouhhhh ! Cet article est tellement bien écrit 🤩 Bravo ! C'est toujours sympa d'en apprendre plus sur Alex😄 Et j'apprends qu'il est né 1 jour (et 9 ans) après moi😁
Et j'ai aussi été ravie d'en lire plus sur toi dans Odyssées, Cindy 👍 Bravo !!!
Merci beaucoup Gilles, pour ce super feedback ! Cela me fait vraiment plaisir de lire que ma touche perso plaît et qu'elle transparaît dans ce nouvel article ! :)))
Merci !!
Bonjour Cindy.
Je savais bien que tu écrivais bien, pour preuve, il y a des articles de toi plein mon blog YUPWEGO. Etre pétillante dans tes écrits, c'est une évidence. Et je me suis dis : "Comment va t-elle écrire sur Alex, avec, en sus, je le sais et je le partage, cette forme d'admiration ?". Et bien c'est juste, juste. Et dans le ton et dans la forme. Nous reconnaissons ta stylistique, la Cyndy's touch. Et on reconnaît ce grand entrepreneur qu'est Alex, mais aussi son humanité (chose que les grands entrepreneurs masquent et il n'y a aucun jeux de mots avec le COVID). Je retrouve cette humanité qu'on ressent dans ses newsletters. Bref c'est un beau portrait e…
Merci beaucoup pour vos retours, ils me font vraiment plaisir !