Lundi, 14 décembre 2020
Cher Journal, Ça y est. 2021 est à nos portes. Truc de dingue. J’me dis régulièrement que les semaines filent à toute vitesse. Lundi est à peine là que vendredi pointe déjà son nez ! Sans parler du fait que cette année a été hallucinante, je n’en reviens pas qu’elle se termine dans quelques jours. N’est-ce pas le moment de réfléchir aux résolutions à prendre ? Aux défis insurmontables à franchir ? Vais-je enfin apprendre à recoudre correctement un bouton ? Etudier le chinois ? Prendre des cours de poterie ? Pour tout te dire, je n’ai jamais pris de « bonnes résolutions » à l’aube d’une nouvelle année. J’ai le sentiment que ces résolutions-là ne tiennent pas dans le temps. Peut-être parce qu’elles sont prises dans l’euphorie du moment ou pour faire un peu comme tout le monde... Perso, j’estime avoir assez de choses à gérer dans ma vie de maman solo sans m’en rajouter volontairement une couche, si ça n’est pas nécessaire ! Attention, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit ! Il m’arrive évidemment de prendre des résolutions, mais je ne m’impose pas la date du 31 décembre pour le faire. Et je ne m’impose certainement pas d’en faire une liste ! (Une à la fois, oh !) L’une des dernières grosses décisions que j’ai prises a été de m’accorder plus de temps. Oui, tu sais, du temps (beaucoup trop rare !) pour faire une activité juste parce que tu en as envie et pas parce que tu dois… (Tu te souviens de la fameuse Liste dont je te parlais le mois passé ?) C’est comme ça qu’après de longues réflexions, j’ai décidé de reprendre le basket.
Alors, non, que les choses soient claires, cette décision n’est pas tombée du ciel… J’ai joué une vingtaine d’années au basket, dans ma jeunesse. (J’ai pas du tout l’impression d’être une mamy édentée en écrivant ça.) À l’époque, je me suis lassée de certains aspects et j’ai arrêté alors que l’équipe dans laquelle je jouais allait monter en deuxième nationale. Je t’entends d’ici : « Hein !? Quoi !? Mais t'es folle, quelle opportunité de dingue ! » Oui, c’est vrai. Jouer à un tel niveau est un beau défi. Sauf que la confiance en moi n’a jamais été mon fort et que les coachs s’intéressaient davantage à nos deux nouveaux pivots (nouvelles pivotes ?) de deux mètres qu’aux joueuses d’un mètre soixante-deux. J’ai fini par quitter le navire. (Paaaas bien, je sais…) Bref. Je me suis tournée vers d’autres sports.
Seulement voilà. Des années plus tard, les trois enfants de mon frère se mettent au basket, dans le club situé près de chez mes parents, où j’ai joué pendant longtemps. À force d’aller les voir, la nostalgie du ballon orange fait son apparition... Le club organise à plusieurs reprises des tournois « pour le fun », des petits matchs qui mélangent tous les âges, tous les niveaux et j’y participe à deux reprises avec mon frère, ses enfants et ma grenouille. À la fin du deuxième tournoi, je décide d’aller voir la coach d’une des équipes dames, en prenant sur moi (tu me connais, j'suis une grande timide), et en faisant taire la petite voix qui me dit : « Nan, mais laisse tomber fille, t’as pas le temps, t’es trop fatiguée, et tu n'connais plus personne ici ». La coach ne me mange pas (ah, tu vois !), elle m’explique qu’elles sont déjà fort nombreuses dans l’équipe, mais que si je veux venir aux entraînements, cela ne pose pas de problème. La fin de saison approchant, elle me propose de venir aux deux derniers entraînements.
Le grand jour arrive. Je me pointe au club, pas hyper à l’aise, alors qu’il y a des années, c’était mon antre. Franchement, tu aimes, toi, arriver dans un endroit où tu ne connais plus personne et où tu sais que tout le monde va te regarder en se demandant ce que tu viens faire là ?
Je prends sur moi et me dirige vers la salle où j’aperçois un groupe (de nanas, c’est déjà bon signe) en pleine réunion. Le silence règne, chose très étrange dans une salle de sport.
Alors, là. Moi qui voulais arriver discrètement, eh bien, c’était loupé. Une vingtaine de paires d’yeux se tournent simultanément vers moi, se demandant si mamy s’est perdue. (Bah, oui, faut voir la réalité en face, je fais largement monter la moyenne d’âge de l’équipe…) La gêne totale. Je force mes pieds à avancer, parce que merde, j'allais quand même pas renoncer si près du but, et fais un petit sourire à la coach en espérant qu’elle me reconnaisse. Elle se souvient de moi (soulagement total) et m’explique que si je veux, je peux déjà commencer à shooter……
Comment dire… L’idée de parasiter leur réunion à coups de « BAM BAM BAM » retentissant dans la salle silencieuse ne me paraît pas, mais pas du tout une bonne idée. (Ce qui impliquerait en plus qu’elles me regardent faire mes premiers shoots, ce qui ne me paraît pas une bonne idée non plus !)
J’attends donc que leur réunion se termine, ne sachant trop où me mettre. Et puis, ça y est, l’entraînement commence. Le moment tant attendu ! Quel bonheur de retrouver ces sensations de dribble, de shoot (même si la plupart arrivent à côté), de lay-up ! J'ai l'impression d'être revenue vingt ans en arrière. (Wep, mamy is back !) Le voilà, ce moment juste pour moi ! Je reprends enfin une activité qui rentre dans la catégorie « loisirs », et ce n’est pas rien ! Seulement, c'est la fin de la saison. Le championnat est terminé. Du coup, après un petit échauffement, un match est organisé. Alors, oui, je donne des cours de Spinning et j’ai une bonne condition physique, mais soyons clairs, c’est pas le même effort ! Après quinze minutes de match et les sprints aller-retour qui l’accompagnent, j’ai juste l'impression que je vais m'évanouir ! Je n’avais plus été aussi essoufflée depuis le jour où j’avais décidé de tenter un cours de boxe dans un des clubs où je donne Spinning et que le prof avait cru utile de dire : « Hey, on a une prof de Spinning qui se joint à nous aujourd’hui ! ». Je m’étais sentie obligée de me donner à 300% et le soir, je n’arrivais pas à soulever ma fourchette pour l’amener jusqu’à ma bouche...
Bref. Je cours, je galope, je défends, je passe… Comme nous sommes assez nombreuses, il y a régulièrement des changements. Oui, sauf que les filles de l’équipe, quand je leur dis que je veux bien descendre au prochain tour (en mode complètement détaché, alors qu'en fait, j'avais besoin d’une bombonne d’oxygène), elles me répondent, super sympas (à moins que ça n'ait été un bizutage ?!) : « Nan, t’inquiète ! Profite ! Nous, on a pu jouer toute la saison, fais-toi plaisir ! »
Oh. My. God. J'allais mourir. Sur un terrain de basket. Sans avoir dit au revoir à ma grenouille.
Du coup, comme je devais montrer un minimum de quoi j’étais capable, eh bien, j’ai rien osé dire et je suis restée sur le terrain. Oui, je sais. À quarante-trois ans, ça craint.
J’ai vraiment adoré, mais en vrai, après l’entraînement, je ne savais plus marcher ! (Et les jours qui ont suivi non plus...) Mamy avait voulu reprendre le basket, et maintenant, il fallait sortir le déambulateur !! C’est pas compliqué, j'ai pas dormi de la nuit. Chaque muscle, chaque tendon, chaque articulation, chaque morceau de peau me faisaient mal. Mes genoux lancinaient, mes tibias criaient au secours. J’ai découvert des parties de mon corps dont j’ignorais l’existence ! J’en ai ri, tant il avait été ridicule de ma part de forcer comme ça. Que veux-tu… Parfois, on pousse le bouchon un peu trop loin. L’important à mes yeux était d’avoir poursuivi la démarche jusqu’au bout, et j’en étais fière. Ça peut paraître con comme ça, mais prendre du temps pour soi devient parfois un luxe... J’sais pas encore ce que cette nouvelle année me réserve. J’ai pris l’habitude de ne pas regarder trop loin devant. Un pas à la fois, c’est ce que je dis toujours. En tout cas, je compte bien poursuivre cette résolution en 2021 ! Aller me promener en forêt. Jouer du piano. Consacrer du temps à l’écriture et à la recherche d’une maison d’édition pour mon roman. Lire dans mon bain, avec une bougie posée sur le bord... Toutes ces petites choses qui font du bien ! Allez, sur ce, j'm'en vais faire un peu de sport pour rester en forme et ne pas revivre cette douloureuse expérience quand on pourra à nouveau jouer au basket !
C.
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